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LE BUZZ PANDEMIQUE

Publié par Frédéric CUVILLIER sur 28 Juillet 2009

Toujours prompt à donner des leçons, L. FEUTRY m’interpelle dans la presse quotidienne en estimant qu’il y a des sujets où la plaisanterie est douteuse… De quoi s’agit il ? Le Docteur FEUTRY a présenté très officiellement ses mesures municipales pour lutter contre la « pandémie grippale » et de préconiser dans sa mairie le salut japonnais – comprendre le salut à distance  - précisant que «  se serrer la main et se faire la bise favorisent la transmission du virus… ». Interrogé par la presse pour savoir si le salut japonnais du Dr FEUTRY serait de mise à la mairie de Boulogne, je me suis permit cette grave déclaration … « Je ne tombe pas dans la psychose et je vais continuer à faire la bise à ma secrétaire tous les matins ».

 

Rappelé à l’ordre par voie de presse, j’ai donc consulté sur la toile, les avis les plus autorisés de grands spécialistes. De l’humour, je passe à la consternation en lisant les déclarations suivantes. Et la psychose médiatique me fait penser au fameux passage à l’an 2000 qui devait dérégler tous les systèmes informatiques mondiaux les plus sophistiqués mettant en danger la sécurité internationale… Jugez en !

 

Dimanche, le professeur Bernard Debré fait une déclaration au sujet de la grippe A/H1N1 qui pourrait surprendre les plus grands experts du monde médical. La grippe A/H1N1 est « moins dangereuse que la grippe saisonnière ».

L’âge moyen des personnes touchées est aux alentours de 25 ans, contrairement à la grippe saisonnière qui touche les enfants très jeunes et les personnes très âgées. Le docteur Fukuda ne s’explique pas le fait que les jeunes soient plus vulnérables face à la nouvelle grippe A(H1N1.

Comme le dit le professeur Debré, parlant de ce label H1N1 qui mobilise l'Etat : " Il est inutile d'affoler les populations, sauf à vouloir leur marteler, à des fins politiques, le message suivant : bonnes gens, dormez sans crainte, nous veillons sur vous ".

 

Dimanche, le professeur de médecine et député UMP Bernard Debré se gausse de la panique engendrée par la grippe A/H1N1 : « Tout ce que nous faisons ne sert qu’à nous faire peur » ! " Il y a 800 cas répertoriés en France. C'est une plaisanterie ! Va-t-on se mettre à comptabiliser les diarrhées ? ", ironise-t-il.

 

J'aborde cette pandémie avec le plus grand sérieux. Je ne me base pas sur l'avis de politiciens et je ne cherche pas à faire de coups médiatiques", prévient R. BACHELOT dans Le Figaro de ce lundi.

" La vérité, c'est que nous sommes confrontés à un virus, certes peu sévère pour l'instant, mais doté d'une très forte capacité de contamination liée, en particulier, au fait qu'il touche des populations qui ne l'ont jamais rencontré. (...) La vigilance est de règle ", explique-t-elle.

En s'attaquant à la reproduction du virus de la grippe porcine, le Tamiflu s'avère efficace contre les différentes mutations du A(H1N1) qui pourraient survenir, mais une utilisation massive n'est pas forcément souhaitable, estiment certains spécialistes. " La véritable question est plutôt: qui doit prendre du Tamiflu ? ", nuance le Dr Buclin. " Qu'est-ce que l'on gagne à traiter avec le Tamiflu, si l'on peut se soigner avec du paracétamol? ", assène-t-il.


Un virus très contagieux mais peu dangereux

Les virologues du monde entier assurent que le nouveau virus (A)H1N1 est peu "virulent" avec seulement 1 à 4 décès pour 1.000 personnes infectées. "Jusqu'à présent, c'est la pandémie la plus bénigne que l'on ait jamais vue", commente John Oxford, professeur de virologie à l'université Queen Mary de Londres. "L'écrasante majorité des patients se rétablissent généralement, même sans traitement médical, en l'espace d'une semaine", indique même l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Pour mesurer l'ampleur réelle de la pandémie, il conviendra d'étudier a posteriori "la mortalité en excès". Cela prendra plusieurs mois. "Il faudra attendre de pouvoir mesurer les mortalités en excès en Argentine et au Chili pour avoir une idée exacte de la virulence de cette souche", relativise Antoine Flahault. (Antoine Flahault, directeur de l'Ecole des hautes études en santé publique).

" Les mandarins de l'OMS ont imposé au monde une doctrine hygiéniste. La France n'aurait pas à rougir de rester en retrait ", observe Laurent Sedel, chef de service de chirurgie orthopédique à l'hôpital parisien Lariboisière et auteur de Chirurgien au bord de la crise de nerfs (Albin Michel). "Vu le caractère peu virulent du virus, la mobilisation est peut-être excessive. Mais la sensibilité de l'opinion est telle qu'on est plutôt dans la surréaction sécuritaire. Du coup, les politiques préfèrent endurer le reproche d'en faire trop", analyse Claude Le Pen, économiste de la santé à l'université Paris-Dauphine.

« Nous sommes un des rares pays à vouloir ainsi réagir de la sorte. On évitera peut-être quelques décès… mais l’adjuvent fait si rapidement pour ce vaccin si peu testé ne va-t-il pas causer d’autres problèmes sanitaires ? Certains se posent la question… Au delà de ce point, on peut soulever le souci de cette proximité lamentable du politique et du milieu médical et pharmaceutique. En effet, les choses sont telles que François Sarkozy travaille au sein d’une firme qui produira massivement ces anti-grippes disponibles… Le souci serait risible si le prix de cette vaccination pouvait être double : le prix effectif qui endette nos systèmes de santé, les effets secondaires d’un vaccin mis au point trop vite… » Yannick COMENGE Chercheur – Microbiologie.

Une certitude: la facture du plan antigrippe s'annonce astronomique. L'achat des 94 millions de doses de vaccin (un record en Europe) va coûter à lui seul 879 millions d'euros. Et même plus d'un milliard si les options pour 34 millions de doses supplémentaires sont confirmées. Une aubaine pour les labos. Selon le ministère de la Santé, le prix d'achat moyen est d' "environ 8 euros par dose". Soit 60% de plus que le vaccin contre la grippe saisonnière! Les pouvoirs publics rétorquent qu'il est plus économique de vacciner quelqu'un que de le soigner. Et que la pandémie coûterait bien plus cher si rien n'était fait. Entre les soins et les arrêts maladie, l'impact économique d'une pandémie massive serait "de 5 à 7 milliards d'euros", indique une source gouvernementale. "On a tort. Cet argent qu'on gaspille en péchant par excès est un véritable détournement de fonds, qui fait qu'on ne pourra plus traiter les situations sanitaires les plus graves. Les 450 à 700 morts que l'OMS impute à la grippe A ne pèsent rien face aux millions de morts liés au sida ou au paludisme", dénonce Marc Gentilini, ancien président de la Croix-Rouge.


(…) Le gouvernement a-t-il surpayé les vaccins? "Nous avons négocié pied à pied", se défend-on au ministère de la Santé. Mais vu l'explosion de la demande, les labos étaient en position de force. Et le britannique GSK semble avoir tiré son épingle du jeu. Selon nos informations, il aurait vendu plus cher que le français Sanofi. Dès lors, pourquoi avoir acheté seulement 28 millions de vaccins à Sanofi contre 50 millions à K ? "Nous avons dû nous adapter à la capacité de production des industriels", répond-on dans l'entourage de Roselyne Bachelot. Reste à administrer les vaccins à plus de 40 millions de Français. Le gouvernement envisage de confier cette tâche à des centres dédiés. S'ils sont débordés - ce qui est probable - il faudra avoir recours aux professionnels libéraux. Dans l'hypothèse où les médecins s'en chargeaient à 100%, cela coûterait entre 800 millions et 1,6 milliard à la Sécu en remboursement d'honoraires! "Ce ne serait pas raisonnable", s'inquiète Michel Régereau, président (CFDT) de l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie
. (Anne-Laure BARRET, Juliette DEMEY et Yann PHILIPPIN Le Journal du Dimanche).

 

Alors, n’en déplaise à M. FEUTRY, moi je garde le sens de l’humour… qui ne me semble pas être la plus mauvaise des thérapies.